Plan de la page  
 

                            Qui étions nous avant

 


Search Results

  1. Duvalier Pere et Fils

    10 min - Sep 15, 2007 - Uploaded by wilnernau
    www.wilmultimedia.com Duvalier Pere et Fils. Get a free DVD at www.wilmultimedia.com/Wilner.html
    youtube.com - Related videos
  2. Duvalier Pere et Fils1

    1 min - Sep 18, 2007 - Uploaded by wilnernau
    www.wilmultimedia.com Duvalier Pere et Fils1. Get a free DVD at www.wilmultimedia.com/Wilner.html
    youtube.com - Related videos
  3.  
    17 videos

    Duvalier Pere et Fils

    Duvalier Pere et Fils. Jean Claude Duvalier and Michele Bennet Wedding. May 25, 1980. Jean-Claude (Baby Doc ... youtube.com
  4. Haïti : Merci bon dieu

    58 min - Mar 3, 1982
    montagne le nom de DUVALIER s'inscrit en lettres géantes -aublein jolicoeur compare les personnalités du père et du fils ...
    ina.fr - Related videos
  5. Jean Claude Duvalier

    31 sec - Sep 15, 2007 - Uploaded by wilnernau
    www.wilmultimedia.com Duvalier, François (1907-1971), Haitian political leader and physician (hence his familiar name, Papa Doc ...
    youtube.com - Related videos
  6. Haïti : Bienvenue Saint Père

    20 min - Jun 14, 1983
    Reportage autour du voyage de JEAN PAUL II en Haiti. A cette occasion, les journalistes ont recueilli les témoignages (parfois en ...
    ina.fr - Related videos
  7. Jean Claude Duvalier and Michele Bennet

    25 sec - Sep 15, 2007 - Uploaded by wilnernau
    www.wilmultimedia.com Jean Claude Duvalier and Michele Bennet. Get a free DVD at www.wilmultimedia.com/Wilner.html
    youtube.com - Related videos
  8. JEAN CLAUDE DUVALIER HAITI

    2 min - Aug 27, 2008 - Uploaded by reiaugustus
    R.AUGUSTUS
    youtube.com - Related videos
  9. Haiti "Baby Doc"

    20 min - Mar 24, 1981
    Portrait de Jean Claude DUVALIER alias "Baby Doc", successeur de son père à la tête d'Haïti. Interview du président à vie en ...
    ina.fr - Related videos
  10. Jean-Claude Duvalier interview(1981) part 1/2

    10 min - 22 hours ago - Uploaded by haitianhistory
    Portrait de Jean Claude DUVALIER alias "Baby Doc", successeur de son père à la tête d'Haïti. Interview du président à vie en ...
    youtube.com - Related videos

     

Search Results

  1. Jean-Claude Duvalier interview(1981) part 2/2

    8 min - 19 hours ago - Uploaded by haitianhistory
    Portrait de Jean Claude DUVALIER alias "Baby Doc", successeur de son père à la tête d'Haïti. Interview du président à vie en ...
    youtube.com - Related videos
  2. Haiti ...

    8 min - Feb 13, 2010 - Uploaded by gfde08
    , or uprooting of the Duvalier oppression. Some Macoutes who committed capital crimes suffered the popular justice called Père ...
    youtube.com - Related videos
  3. HAITI, LA DETRESSE D'UNE FEMME

    6 min - Jan 20, 2010 - Uploaded by FRANCPARLERJCN
    HAÏTIENNE SUR LE CHEMIN DU RETOUR. ... "toussaint louverture" vaudou "père aristide" "jean claude duvalier" "tontons ...
    youtube.com - Related videos
  4. 26th Anniversary of the VSN3

    10 min - Sep 30, 2007 - Uploaded by wilnernau
    , Dr Roger Lafontan, Jean-Marie Chanoine and others Watch the anniversary parade. ... Jean Claude Francois Duvalier Papa Doc ...
    youtube.com - Related videos
  5. Maurice Sixto - HAITI

    5 min - Nov 13, 2009 - Uploaded by jwetPouOu
    Maurice Sixto, un talent et un génie incomparable dans la littérature orale. ... "Maurice Sixto" art litterature Haiti congo Argentina ...
    youtube.com - Related


     

Ayiti

Toussaint Louverture
et la jeunesse haïtienne d'aujourd'hui

Leslie F. Manigat
  

Louverture
Toussaint Louverture et la Constitution de 1801.
PHILIPPE CLAUDE Carrie Art Collection

Esquisse d'une recherche de l'univers louverturien
dans la fécondité de son actualité présente pour «l'histoire vivante»

(Conférence au lycée Toussaint Louverture et interview
à la TNH à l'occasion du 202ème anniversaire de la mort le 7 avril 2005)

boule

Deux traditions polémiquent au sujet de l'interprétation de la vie et de l'œuvre de Toussaint. Une tradition restrictive, critique, voire même hostile au personnage, qui remonte à nos premiers historiens de tradition comme Beaubrun Ardouin, mais qui comprend paradoxalement un penseur politique averti de la trempe d'Emile Saint Lot, peu tendre pour le personnage. Et une tradition laudative, largement majoritaire dans la bibliographie dominée par de grands classiques comme Schœlcher, Pauléus Sannon, CIR James, Aimé Césaire etc, souvent élogieuse à satiété, voire hagiographique comme la fameuse harangue de l'américain Wendell Philips dont l'exaltation superlative dénonce les préjugés qui empêchent de placer Toussaint à sa vraie place, au-dessus de tous les grands hommes illustres de l'histoire universelle. Un Toussaint controversé de l'histoire romantique, mais généralement reconnu comme un des grands destins de la catégorie des démiurges de l'évolution de l'humanité.

Mais on peut adopter une autre perspective, à mes yeux plus féconde, opposant deux conceptions. Un Toussaint Louverture personnage clos par sa mort. Toussaint, c'est fini, un passé mort et enterré. C'est à ce titre qu'il peut être objet d'études scientifiques comme un insecte dans un bocal. L'objectivité est garantie possible parce que c'est un sujet mort le 7 avril 1803 et enterré au Fort de Joux, un «fait historique» qui s'est passé et est définitivement passé comme il s'est exactement passé, ce qui explique que les historiens cherchent à le retrouver objectivement comme passé révolu. C'est l'histoire positiviste Et un Toussaint Louverture personnage ouvert, même après sa mort, à l'évolution de l'actualité. On peut «enrichir» Toussaint dans sa vérité post-mortelle encore à découvrir. Le passé est une reconstruction permanente, à cause des hommes qui changent et ont des besoins nouveaux et une curiosité nouvelle, avec lesquels ils interrogent l'histoire. La vérité de Toussaint est toujours ouverte et en évolution. On y voit alors des choses qu'on ne pouvait pas voir avant, bien qu'existantes, et ce, du fait de l'état de nos appareils cognitifs.

C'est comme la physique contemporaine qui fait voir des phénomènes (de l'infiniment petit et de l'infiniment grand) qu'on ne pouvait pas connaître autrefois, mais qui préexistaient avant leur «découverte». La science économique d'aujourd'hui nous met en mesure de nous faire connaître un autre Toussaint que celui de Madiou. Un exemple fameux de notre histoire que j'aime citer. L'élaboration de la théorie de la détérioration des termes de l'échange après la seconde guerre mondiale (Raoul Prebish) nous fait mieux connaître la réalité d'Acaau et de son temps en 1844-1845 quand le leader paysan s'éçriait: «Que dit le cultivateur auquel il a été promis, par la révolution, la diminution du prix des marchandises exotiques et l'augmentation de la valeur de ses denrées? Il dit qu'il a été trompé».  Cherchez Acaau dans Raoul Prebisch! Ainsi, La «leçon» de Toussaint est toujours ouverte. Chercher Toussaint Louverture aujourd'hui est l'objet et l'objectif de l'histoire vivante.

Sur Toussaint, nos ignorances sont fondamentales. Elles sont objectives. On m'a demandé à brûle pourpoint au cours d'une interview télévisée: Toussant était-il à la cérémonie du Bois Caïman? J'avoue l'ignorer. Mieux: jusqu'à m'en administrer la preuve irréfutable écrite ou étayée sur une tradition orale documentée, je crois sa présence invraisemblable en ces lieux. J'ai parlé d'invraisemblance comme expression de mon ignorance du fait. Ignorances et invraisemblances, problème contre lequel bute constamment la connaissance historique.

Par contre, Toussaint s'est souvent réclamé d'avoir été à l'origine du soulèvement des esclaves en 1791, en des termes sans équivoque: c'est lui qui a tout commencé, dit-il et il rend grâce à Dieu d'avoir eu le premier l'inspiration et l'initiative de ce soulèvement. Mais laissons parler Toussaint lui-même: «L'idée de cette liberté générale pour laquelle vous combattez…, par qui la base en a–t-elle été informée? N'en sommes-nous pas les premiers auteurs? ..C'est à moi d'y travailler comme étant le premier porté pour une cause que j'ai toujours soutenue…Ayant commencé, je finirai». Et c'est alors qu'en termes définitifs, il devient l'oracle inspiré: « Je dois rendre grâce à l'Etre Suprême de l'inspiration dans laquelle je me suis trouvé plongé pour cette cause». En août 1793, son nom était déjà connu, assurait-il, pour proclamer qu'il avait inauguré sa lutte armée pour la cause de la liberté générale des esclaves. Ceci, pris à la lettre, met Toussaint à la genèse de la révolution servile.

Autre ignorance objective qui continue: la volumineuse correspondance de Toussaint Louverture réunie en plusieurs volumes manuscrits n'a pas encore été publiée. On s'imagine combien de révélations nous attendent avec le dépouillement systématique de cette correspondance monumentale! Quel «nouveau» Toussaint va-t-il en émerger éventuellement?

Mail il reste les ignorances subjectives: le personnage demeure énigmatique, mystérieux, non pas rebelle à l'analyse mais difficile à percer. Chaque être porte en lui sa différence incommunicable, nous disait le grand historien catholique Henri-Irénée Marrou. Connaître Toussaint, de l'économie à la psychanalyse, tel est l'objet et l'objectif de ce que nous appelons l' histoire totale .

Il y a au moins trois Toussaint: son identité biologique, son identité subjective et son identité sociale, selon la distinction méthodologique d'Edgard Morin, mais cette dernière débouche sur la problématique universaliste de Lucien Febvre appliquée à Toussaint comme «le produit de l' initiative individuelle et de la nécessité sociale». Part de l'initiative individuelle, part de la nécessité sociale? Comment départager, quand l'identité de l'homme individuel était déjà pétrie dans la glaise de la nécessité sociale, et que la nécessité sociale s'était individualisée pour faire de lui ce qu'il était ou allait devenir.

Mais il demeure qu'il faut admettre l'existence d'hommes hors pair pour dynamiser et opérationnaliser la nécessité sociale à un moment donné, qu'il faut à certains ce fameux coefficient personnel pour être parmi les hommes qui font l'histoire, que Toussaint avait l'étoffe qui fait les génies. Il n'est pas donné à tout un chacun d'être une figure de proue. Toussaint a été un grand homme. Mais même intrinsèquement génial, il serait resté Fatras Bâton ou au mieux Toussant Bréda, s'il n'y avait pas eu «la force des choses», notamment les conditions objectives et subjectives de sa production sociale comme être d'exception, l'environnement qui l'a forgé et propulsé comme personne singulière concrète à partir des conditions sociales opérantes, la conjoncture dont les éléments actifs l'ont marqué pour être ce qu'il fut et choisit d'être, ce qu'il voulut et décida de vouloir, et ce qu'il accomplit et opta d'accomplir, en une autonomie relative conditionnée Toussaint Louverture fut une «médiation» au sens Sartrien du terme, et comme tel, il est une gestion vivante et circonstanciée de la relation entre l'autonomie et la liberté qui fonde et limite la responsabilité humaine dans ce que Sartre a appelé «les déterminations concrètes de la vie humaine.» C'est dans ce sens que Toussaint et non pas un autre, fut et continue d'être l'auteur de son œuvre qu'il faut revisiter sans cesse pour la création continue de son message perpétuellement actualisable.

J'ai souvent rappelé que son temps d'existence et d'action se situe au quatrième des cinq moments significatifs dans le déroulement évolutif de l'histoire de la révolution de Saint Domingue. Jetant un regard rétrospectif sur ce passé de luttes qui a abouti à la victoire de la révolution anti-esclavagiste et anti-coloniale à Saint-Domingue-Haïiti, on peut y distinguer, en effet, ce que j'ai appelé les cinq moments fatidiques du destin évolutif de l'ère de l'émancipation révolutionnaire haitienne.

Le moment Zabeth, archétype de l'esclave marronne indomptable, qu'on fouette et torture à sa capture après une première fuite en marronnage, à qui on coupe une oreille après sa seconde sortie, et qui repart encore, à qui cette fois-ci on coupe un bras quand elle est reprise à la troisième fuite, et qui repart encore une quatrième fois quand même, pour se voir finalement couper un jarret. C'est, commente Charles-André Julien, professeur à la Sorbonne, le cas individuel de refus irréductible de l'esclavage, et que le Dr Jean Price Mars, dans un langage qui lui est propre, aurait appelé la preuve vivante d'un amour immarcescible de la liberté.

Le moment Mackandal, marron qui parvient à la conscience de l'affranchissement général au milieu du 18ème siècle, objectif qu'il recherche à travers un complot pour supprimer tous les maîtres par le poison. C'est encore du marronnage, mais arrivé à maturité de l'action collective concertée et clandestine pour un but global.

Puis, mutation décisive par un saut qualitatif du marronnage qui culmine en insurrection comme le papillon sort de sa chrysalide, ainsi que je crois l'avoir démontré dans une communication publiée dans les Annales de l'Académie des Sciences de New York: c'est le moment Boukman marqué par le soulèvement massif des ateliers. C'est donc la révolte générale sous la direction d'un chef insurgé, catalyseur et entraîneur d'hommes, mystiquement inspiré par un vodou vengeur et libérateur.

Puis, c'est donc le moment Toussaint Louverture avec lequel la révolution servile trouve, comme l'écrit judicieusement Césaire, une «tête politique», et qui forge l'arme de l'indépendance, l'armée indigène, bien qu'aménageant une période intermédiaire de «self government» pour la colonie, c'est-à-dire l'autonomie, avec le projet indépendantiste différé dans sa réalisation mais préparé systématiquement sur le plan politique interne, le plan militaire, le plan diplomatique (anglais et américain) et le plan géo-stratégíque régional (traité secret avec Maitland, les fastes régaliens réglés par les anglais au Môle Saint Nicolas à son profit, ouverture directe à Washington) en attendant de s'incarner dans la Constitution de 1801 que Toussaint fait rédiger par ses amis, promulguer dare dare sans avoir préalablement consulté la métropole, et selon laquelle il érige son pouvoir noir à vie avec droit de désigner son successeur. La goutte d'eau qui devait faire déborder le vase après les départs forcés de Sonthonax et d'Hédouville notamment. Toussaint était trop intelligent pour ne pas l'avoir réalisé. Mais l'expédition militaire française de Leclerc qui devait ramener la colonie à l'heure métropolitaine, l'oblige à démasquer prématurément son jeu, en le forçant à ordonner et à organiser la résistance armée aux troupes envoyées par Bonaparte, inaugurant ainsi ce que les historiens père et fils Mentor et Gérard Laurent appellent justement «la première phase des guerres d'indépendance».

Enfin arrive le moment Dessalines, post louverturien, qui fait succéder sa fulgurance à la temporisation louverturienne, et radicalise la révolution pour faire aboutir, grâce à une guerre de libération nationale dont l'armée indigène sort victorieuse, une indépendance irréversible. Un jeune s'est posé la question pourquoi c'est Toussaint qui est considéré comme le premier des noirs alors que c'est Dessalines qui nous a donné l'indépendance. Des deux, Toussaint est le premier chronologiquement. Mais il ne faut pas esquiver le problème. Dessalines avait du caractère, Toussaint avait du génie. C'est Dessalines le fondateur, donc au rôle décisif, et Toussaint le précurseur. On peut à juste titre reconnaître et admirer davantage le génie à facettes de Toussaint comme grand homme plus complet de l'histoire universelle à l'étoffe reconnue plus diversifiée et riche, mais Louis Mercier avait raison à sa manière en disant qu'on n'est pas haïtien si on n'est pas Dessalinien.

Mais cela n'empêche point que Toussaint lui-même ait eu son histoire en trois moments d'évolution de son statut personnel au sein de la société dominguoise. D'abord le petit nègre resté esclave de jardin pendant longtemps, mais à sang princier. Cette expérience servile à la base a fait le premier Toussaint, mûr pour la contestation contre un système qu'il a enduré en s' y accommodant tant bien que mal, mieux que la majorité des esclaves de jardin, avant de le rejeter résolument. Un temps d'observation, de réflexion, de maturation et d'incubation. On ne naît pas révolutionnaire, on le devient. Les mystères et la conscience de son hérédité princière africaine, en tant que fils de Gaou-Guinou, roi des Aradas, font dire dans le Nord qu' il est «né à coiffe» et que cela a à voir avec son destin futur de chef. Le cas est peu banal, en vérité.

Le second Toussaint est un esclave domestique, bien qu'il fasse mettre de l'ordre dans la chronologie louverurienne par rapport à l'évolution de son statut au sein de la société coloniale du Nord. Ce qui nous intéresse ici chez l'esclave domestique Toussaint, c'est qu'il vit dans la familiarité des maîtres, dans leur «proximité». Il observe, constate la nature humaine avec ses faiblesses, ses laideurs, ses bassesses et mesquineries, sa cupidité, sa dépravation, la férocité des intérêts, mais aussi son humanité, ses qualités individuelles, et jusqu'à ses capacités d'abnégation. Toussaint est arrivé à s'attacher à quelques-uns de ses maîtres et est connu pour avoir sauvé certains de la violence révolutionnaire des esclaves déchaînés en 1791. Mais le trait le plus important est que l'esclave domestique, s'il a l' intelligence d'un Toussaint, ne se laisse pas imposer par les maîtres dans son for intérieur, en dehors des cas de mimétisme connus et compréhensibles, il ne s'en laisse pas conter, il a même une conscience de sa supériorité ou, en tout cas, il échappe au complexe d'infériorité que la chose coloniale veut lui faire coller à la peau. Bysmark disait qu' il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre.

Enfin Toussaint est devenu un affranchi de statut légal, selon les recherches de l'école de Gabriel Debien avec la participation de Jean Fouchard. Jusqu'à récemment on ignorait ce fait que bien des historiens et professeurs d'histoire n'ont pas encore avalisé. Toussaint affranchi et même propriétaire de quelques esclaves selon cette thèse récente, c'est l'élargissement du champ des possibles pour lui, et les meilleurs chances d'épanouissement personnel. Mais le fait est étrange que Toussaint n'ait pas agi en tant qu'affranchi pendant toute sa carrière publique, mais en tant qu'esclave puis ancien esclave dans la catégorie des nouveaux libres. Les découvertes de Debien et de son école ne nous ont pas encore fait comprendre vraiment cette étrangeté historique que Toussaint n'ait jamais fait état d'avoir été affranchi dans sa carrière d'homme public, réserve faite des surprises possibles de sa correspondance inédite.

On retiendra, en tout cas, que dans ses mémoires au Fort de Joux, un des textes du cru personnel de Toussaint à l'adresse du premier consul, notre homme déclare avoir accumulé, avant la révolution, la somme de 648'000 francs, - «j'avais de la fortune depuis longtemps, la révolution m'a trouvé avec environ six cent quarante huit mille francs» – valeur qui, sans être une fortune coloniale, constituait une rondelette somme comparée au pécule des esclaves à talent qui se faisaient des économies sur leur salaire. Ce Toussaint Louverture ne laisse pas d'être exceptionnel..

Les concepts louverturiens au sens du personnage clos d'un passé mort et enterré, ont été depuis longtemps répertoriés pour la plupart par de nombres historiens, par exemple dans mon étude de la liste des 12 facettes du génie louverturien. Hors cette nomenclature classique, on peut voir les choses sous un autre regard. Le premier des concepts louverturiens, sans conteste, est le primat de la liberté personnelle, qui va le porter à briser l'un après l'autre l'ordre esclavagiste puis l'ordre colonial. Pour Toussaint, qui laissait disserter sur «les droits de l'homme et du citoyen» des deux déclarations américaine et française, c'était LE droit de l'homme qui n'était inscrit dans aucune des deux déclarations. Le singulier louverturien est génial: le droit de l'homme. Toussaint avait une admiration et un amour sans bornes pour le général français Laveaux parce que Laveaux était le chef blanc qui avait adopté la cause de la liberté générale des esclaves: c'est le fameux mot lapidaire: «Après Dieu, Laveaux!».

Viennent ensuite, dans le désordre du vrac, la conscience de sa dignité personnelle («la couleur de ma peau nuit-elle à mon honneur et à ma bravoure?»). La dimension ethnique: la conscience noire synthétisée dans ses trois identités: biologique, subjective et sociale. Négritude? oui, mais sans fanatisme. Il y avait chez lui l'ambiguïté du racisme défensif et de l'élan vers le blanc fraternel, mieux que l'ambiguïté, l'ambivalence. Dessalines, qui fut «un bloc» selon le mot de Sténio Vincent, sera plus franchement ethno-nationaliste. La dimension mystique: le guérisseur naturaliste parapsychique, le catholique austère et spectaculaire, le croyant en l'Être Suprême de la Révolution française Robespierriste, l'homme de foi pratique dans les religions ancestrales alors en fusion créatrice dans la colonie, l'utilisateur à Marchand des deux maisonnettes dites «marrassa» lieu de culte louverturien, l'acteur convaincu de ses dons supranaturels et qui en fait état, l'homme de la «baraka» (chance insigne) qui croyait en son étoile.

La dimension pragmatique de l'obsédé de la production économique et de la gestion administrative, en déterminant, à travers les contraintes contradictoires, le champ des possibles. L'évaluation du danger intérieur dans la conduite de la guerre extérieure, comme dans les cas des espagnols et des anglais dans l'île dont Toussaint se servait comme instruments pour son ascension, mais aussi pour affiner sa formule de pouvoir à l'occidentale en se colletant aux autres et maîtriser tous les ressorts de sa toute puissance en édification. Cela n'allait pas sans une certaine dose de sincérité et même de naïveté native. Toussaint était un être de chair et d'os, et son sang était actif-émotif. On sait avec quelle émotion il retrouva à l'occasion de la guerre du Sud sa sœur Geneviève Afiba qu'il n'avait pas revue depuis leur séparation dans le Nord avant la révolution.

Toussaint s'est attaché à certains de ses maîtres qu'il a sauvés de la révolution servile déchaînée en 1791. Une certaine dose d'angélisme l'a amené à croire que les blancs de la colonie collaboreraient dans son système ouvert où ils avaient des avantages et même des préférences au nom de leurs connaissances, de leur expérience et de leur efficacité culturelle, et qu'ils accepteraient le fonctionnement du système à son profit. En réalité, ils acceptaient ce qui restait pour eux au fond inacceptable, le pouvoir noir des nouveaux libres, et ils attendaient, nous dit notamment Madiou, une nouvelle expédition venue d'Europe pour rétablir l'ancien régime. Acceptation provisoire et forcée de l'inacceptable jusqu'à la restauration du statu quo ante renormalisé. Mais pardessus tout, le concept louverturien suprême est la volonté de puissance jusqu'au pouvoir absolu. «Souvenez-vous qu'il n'y a qu'un seul Toussant Louverture à Saint Domingue et qu'à son nom, tout le monde doit trembler» C'est le «je veux, je peux» de l'autre.

Alors, n'est-on pas à l'heure louverturienne aujourd'hui où notre héros mort en 1803 est toujours d'actualité?

Jouons à dresser la liste de quelques thématiques contemporaines, contestées ou non, vraies ou fausses – je ne prends pas ici parti –, qui nous sont familières et qui hantent l'esprit de la jeunesse haitienne actuelle soucieuse de comprendre son présent pour préparer son avenir? C'est un «divertissement», j'en ai peur, mais sérieux au sens pascalien du terme. Les voici au gré de ma mémoire présente: le choix décisif à faire entre la détermination du changement enfin réelle dans le pays et la possible continuité des anciennes pratiques camouflées derrière une acceptation seulement verbale avec laquelle il faut en finir, les «déchouquages», la massification, le populisme, le besoin de nouvelles technologies dans le passage d'un capitalisme à l'autre, l'armée comme réalité incontournable, les militaires démobilisés comme problème à résoudre d'entrée de jeu, la révolution en panne d'alternative mangeant ses fils, les risques de l'explosion anarchique, la peur conséquente du «souverain» que serait une volonté populaire dévoyée en délinquance et débridée en criminalité, la violence terroriste sans avenir, le danger interne et le recours à la solution de la force extérieure, un international à puissance régalienne mais entravée dans le déroulement de son agenda réel pas si secret que cela, une transition décevante et manquée, l'Etat en crise d'autorité, la contrariété des agendas, la société civile sans masque et en question, les jeux machiavéliques, stériles et paralysants du pouvoir et de son jeu personnel, et de l'opposition traditionnelle, l'enjeu cynique du produit «privatisé» des échanges économiques et financiers, la peur préjudiciable à une lutte sérieuse contre la corruption (on fait comme si!), les manœuvres dilatoires des habiles, des coquins et des médiocres contre les patriotes compétents et honnêtes pour retarder les échéances décisives telles que des élections acceptables pour être respectées, un besoin sincère et inassouvi de débat sélectif sur les grandes options de bien public, la porte étroite du salut collectif par une minorité (qualitative) qui doit entraîner la majorité (quantitative), l'exigence du changement salvateur immédiat («hic et nunc», «now») pour en finir avec des pratiques reconnues responsables du malheur national, le pouvoir noir et le pouvoir blanc, le sentiment de la nécessité d'un gouvernement fort à gestion efficiente et efficace et la recherche cependant naturelle de son contre-poids, le défaut d'un substitut politique libéral objet de trop de méfiance par déficit de crédibilité de dirigeants historiques traditionnellement trompeurs (ou krèm krè-ou?), que sais-je?

Ces quelques thématiques contemporaines, à tort ou à raison, s'identifient à l'actualité d'aujourd'hui surmédiatisée. Peuvent-elles aider à comprendre l'étoffe de complexité de l'univers louverturien d'antan, dans sa richesse de contenu, toujours à découvrir comme réalité vécue? Malgré le danger d'anachronisme, – péché mortel en histoire comme on sait – la question n'est pas absurde car Marc Bloch, un des patrons de la «nouvelle histoire» enjoignait aux historiens, en bonne méthode, de comprendre aussi le passé par le présent. Oui, comprendre le passé par le présent. Comprendre le Toussaint d'hier à l'aide du recours au présent d'aujourd'hui à déchiffrer.

Picorons dans ce florilège de perceptions de nos réalités et de nos interrogations, deux ou trois exemples à illustrer pour conclure, en laissant à l'imagination de chacun les coïncidences à établir pour des «correspondances» éventuellement fécondes entre les constats d'aujourd'hui et les découvertes créatrices au sujet de Toussaint Louverture homme d'hier et d'aujourd'hui.

Toussaint Louverture et le déchouquage? Le mot et la chose sont-ils bien de notre temps? Oui mais voici qu'on pense à dire aussi maintenant non. Une nouvelle lecture nous montre la méthode du déchouquage en pratique sous et par Toussaint pour éliminer tour à tour ses adversaires politiques, sous pression populaire manipulée, particulièrement de l'affaire Villatte à l'affaire Hédouville. Mais Toussaint se souciait de garder la mesure dans l'exécution des déchouquages les plus importants, y compris la guerre du Sud, authentique guerre civile pour déchouquer Rigaud et les siens, ses adversaires politiques jurés.. Il disait: «j'ai dit d'émonder l'arbre mais non pas de le déraciner». Non pas de le déraciner? Déraciner, en langage créole propre, c'est littéralement déchouquer, arracher la «chouque» de la terre, arracher à la racine!

Indigénisme et négritude? vocables à la mode au 20ème siècle? Certes oui, mais l'indigénisme a une substance humaine sémantiquement correspondante à sa réalité louverturienne (la conscience noire) et le mot indigène définissait l'armée créée par Toussaint non avec l'incorporation aussi de corps blancs ou étrangers, mais avec exclusivement les noirs et les mulâtres, une négritude armée qui sera la nation armée Il y a un accouplement typiquement louverturien quand Toussant vante le courage admirable des troupes indigènes sous son commandement: «rien n'a résisté à la vaillance des «sans-culottes»! Les noirs politisés de la révolution de Saint Domingue et les blancs politiques de la révolution française en métropole: «va-nu-pieds» et «sans culottes». Mais la négritude chez Toussaint comme conscience noire n'état pas un système, car une conscience mutilée dépasse l'ambiguïté pour être l'ambivalence, Jouer sur deux tableaux! C'est comme si Toussaint disait tout le temps: bonjour et adieu à la négritude, alors qu'avec Dessalines, l'ethno-nationalisme va être un système pur, doté d'une logique exclusiviste conséquente.

La problématique «guerre sociale et révolution» a une consonance idéologique louverturienne propre par rapport à ce que nous avons pu vivre au 20ème siècle. Cependant force est bien de poser le problème de l'incontournabilité d'une armée fonctionnelle comme force nationale d'ordre public (sécurité et défense), le rôle de la violence comme accoucheuse de quelle histoire (?), et le danger quasi-permanent du populisme dans les luttes sociales de masses. Je me suis demandé si on pouvait voir dans l'affaire Moise une dérive populiste au cours de laquelle Moise, par ses critiques «de gauche» contre l'ordre inégalitaire maintenu par son chef et oncle, sapait du dedans et de près le système louverturien à la base sociale de celui-ci, au niveau des masses populaires. Le populisme a souvent raison dans ses critiques sociales mais a presque toujours une stratégie d'échec.

La «massification» comme phénomène d'irruption des masses populaires dans la politique et la société comme sujet actif et conscientisé de l'histoire qui se fait, est une promotion légitime et nécessaire au nom de l'égalité sociale. La massification louverturienne a pris la mobilisation déclenchée au Bois Caiman et lors du soulèvement massif des ateliers du Nord pour la faire aboutir à une authentique révolution abolitionniste, anti-coloniale et agraire. La massification de notre dernier demi-siècle a correspondu à une révolution en panne, productrice de mauvais mutants «voyoucratiques» mais en proie au drame social de la pauvreté sans remède ni perspective d'en sortir. C'est le dévergondage et le dévoiement de la praxis révolutionnaire pervertie dans l'impréparation, l'improvisation et la spontanéité. La massification, pourtant légitime et nécessaire, est largement qualitativement râtée et est en mal d'assainissement difficile.

La réconciliation, autre thème louverturien, pose le problème des modalités et conditions pour se retrouver véritablement ensemble en harmonie, et non reprendre les magouilles d'hier au nom d'un changement de poker menteur, dont les propulseurs et bénéficiaires sont les mêmes qu'hier, inchangés, d'où leur discrédit voire leur impopularité de dirigeants pour lesquels le business sale va avec la politique sale. La réconciliation, souhaitable et souhaitée, est une exigence morale mais aussi une nécessité politique. Pour être sinon totalement sincère du moins viable, elle devrait presque se souvenir de la casuistique du petit catéchisme pour la confession traditionnelle de ses péchés par les fidèles (l'autocritique de la pratique marxiste), le repentir d'avoir péché (la conscience de son erreur), la pénitence comme sanction même morale et miséricordieuse, et le ferme propos de ne plus recommencer.

Justice et réconciliation, mais aussi justice sociale et réconciliation, cette justice sociale sans laquelle tout contrat social serait une duperie pour les masses souffrantes. Il faut y ajouter un temps d'épreuve prudentielle pour convaincre les autres par l'exemple d'une collaboration saine, de l'acceptation du changement de conduite. Toussaint n'a pas eu le temps ni la chance de bénéficier d'une telle qualité de réconciliation. Il nous indique, par son exemple, que le chemin est malaisé, et nous encourage à le parcourir mais avec prudence et lucidité pour accompagner la détermination de s'y engager, surtout quand il commettait lui-même l'erreur naïve en stratégie opérationnelle de prendre le nombre pour la structure, je veux dire qu'il croyait dans le poids de la supériorité numérique (la quantité) sur l'inclination efficace sécrétée par les structures en place (qualité).Or, la réconciliation est seulement l'antichambre de l'union.

La transition, mot et chose à la fois spécifique en tant que politique d'abord, et globale en tant que d'ambition pluridimensionnelle voire totale, est à l'essai aujourd'hui après avoir été à l'épreuve au temps de Toussaint qui a eu à gérer politiquement et économiquement une transition après une révolution qu'il avait contribué à mener à bien. Il n'est pas resté dans l'indéfinition en tergiversant entre l'ancien régime et le nouveau, pour les laisser s'interpénétrer dans une confusion voulue comme un jeu complaisant mais contre-productif par certains, mais tout en dosant l'ancien et le nouveau au profit de celui-ci, il a avancé jusqu'à envisager le projet indépendantiste comme perspective d'avenir et s'y engager en brusquant les choses, après avoir tenté d'aménager une autonomie d'attente.

Notre transition d'aujourd'hui, qu'il faut réussir ensemble en la menant à des élections acceptables pour être acceptées - (il faut y insister) -, est dénoncée de partout cependant comme décevante par déficit de choix clair dans la direction à prendre sans ambiguïté, sans ambivalence, sans complaisance dangereusement complices, et en prenant le risque du changement attendu sans donner l'impression que trop tard n'est pas un danger, et qu'on peut esquiver les priorités urgentes derrière les masques de la technocratie et de la bureaucratie inopérantes, faisant jurer la compétence avec l'incapacité. Mais tout n'est pas sombre dans ce tableau, il faut le dire avec honnêteté. Mais surtout, tout ne peut pas venir de l'extérieur même généreux mais qui a des raisons et parfois ses raisons de faire tarder les choses. Cependant, il n'est jamais trop tard pour corriger de l'intérieur, même si ce n'est pas la voie la plus facile pour se faire admettre comme intelligent et conclusif

Toussaint, le vieux Toussaint, n'a pas cessé de donner des leçons de conduite à nos contemporains d'aujourd'hui, par ses erreurs regrettables et ses succès mérités dont nous restons tributaires.

Avec un Toussaint personnage ouvert à la dynamique de l'actualité changeante, on peut comprendre le passé par le présent.

Leslie F. Manigat 

boule
 boule Toussaint Louverture
 
 boule Toussaint-Louverture, la Révolution française et le problème colonial Aimé Césaire; préface de Charles-André Julien. 2004. Paris : Présence africaine. ISBN: 2-7087-0397-8.
 
 boule
Toussaint Louverture, Jean Métellus. 2003. Editeur Hatier International, collection Monde Noir, Paris.
 
 boule
Toussaint Louverture et l'indépendance d'Haïti. Témoignages pour un bicentenaire, Jacques de Cauna. 2004. KARTHALA. ISBN : 2-84586-503-1
 
 
Toussaint- Louverture, le libérateur opportuniste: Toussaint Bréda devient Toussaint-Louverture en prenant la tête de l'insurrection qui agite le nord-ouest de l'île de Saint-Domingue à partir de 1791. Premier général de division noir, il s'allie un temps aux Espagnols, négocie le départ des Anglais, signe des accords avec les Etats-Unis, traite avec le Premier Consul... qui, finalement, le fait capturer et déporter en France. Par Jean-Louis Donnadieu.
 
 boule
Le comte et l'affranchi, destins croisés: De retour à Saint-Domingue, Louis-Pantaléon de Noé, descendant d'un officier de marine, décide, en 1776, de rendre sa liberté à Toussaint, le fils d'un ancien dignitaire africain, capturé sur la côte des Esclaves. Une histoire à suivre... Par Jean-Louis Donnadieu.
 
   
 
logo
 
webmaster



Haiti( Ayiti) mwen renmen e map fè tout sam kapab poum ede-w sorti nan mizè ou ye ya. Li met piti kou li.
Politisyen Ayisyen ak tout lot ayisyen an nou pran konsyans poun ka sove peyi nou. Pou-n kormanse an-n di tankou Salmon P Chase 1861 " Dear Sir: No nation can be strong except in the strenght of God, or safe except in His defense. The trust of our people in God should be declared on our national coins". Sa pavle di pou-n ekri minm bagay sa sou lajan-n. Min poun met BonDye an Premye e narive

sa ka montre kouman nou teye, kote nou ye, e kikote nou prale, nan yon peyi ki preske pa genrekou ni espwa sou pwop pitit li. 
Claude Duvalier and Michele Bennet Weddin...129,124 viewsFeatured Videowilnernau

Méssage pour vous jeunes Universitaire, écolier, Professionnel haïtien l’heur de la révolution est arrivé.
La conscience et la dignité vous frappe a la porte ouvre lui, et laissé lui vous parlez
Car : le destin de ce pays est entre nos mains, ne nous laisse pas manipulé par ses anciens pillagets et opportunistes. Défendons nous notre avenir

Comment stimuler l’économie productive ?

L’Etat, la dignité... et la colèreRassemblés en janvier 2010 à l’université de Nottingham, une centaine de chercheurs ont tenté d’éclaircir la signification politique de la « vague rose », cette série de victoires électorales de la gauche (ou du centre-gauche) dans la plupart des pays latino-américains, entre 1998 et 2006 . Ce phénomène — nouveau — d’accès « massif » au pouvoir a conduit la plupart des intervenants à rouvrir un vieux débat, à l’aune de l’expérience politique d’une région où son intérêt ne se borne plus à la théorie : faut-il s’emparer de l’Etat pour changer le monde ?

Le premier constat, c’est que la droite, elle, ne s’en prive jamais. « Dans les années 1980, observe William Robinson, professeur à l’université de Santa Barbara (Californie), une fraction des classes dominantes évince l’élite traditionnelle et s’empare du pouvoir d’Etat pour faciliter le processus de mondialisation libérale... dont elle tire le plus grand profit. » Ainsi, la montée en puissance des néolibéraux a au moins un mérite : elle démontre qu’en « s’emparant du pouvoir d’Etat » il est possible de « remettre en cause le statu quo ». Encore faut-il véritablement le souhaiter.

Pour Juan Grigera et Luciana Zorzoli, deux chercheurs argentins, ce n’est pas vraiment ce qui caractérise la présidence de M. Néstor Kirchner en Argentine (2003-2007) : « Son rôle fut de restaurer la gouvernabilité du pays », tout en s’assurant qu’« on ne toucherait pas au modèle économique ». Pis, observe Sara Motta, de l’université de Nottingham, à propos cette fois du Brésil, de l’Uruguay et du Chili, « le renforcement de la démocratie s’accompagne dans ces pays de mesures sociales d’assistanat qui mènent à une “naturalisation” de la pauvreté », selon l’idée que les inégalités feraient partie de l’« ordre des choses » et qu’il faudrait finalement constater l’impossibilité de les éradiquer...

En pleine crise du modèle néolibéral, souligne Motta, on perçoit aisément l’intérêt, pour les classes dominantes, de voir arriver au pouvoir des gouvernements qui, « supposément issus des classes populaires, affaiblissent la (...)



Cet article sera prochainement disponible en version intégrale
Archives
2010
Seule l’éducation résiste
par Tom Amadou Seck. — mai 2010
L’Etat, la dignité... et la colère
par Renaud Lambert. — avril 2010
Et la pauvreté s’invite dans le débat britannique
par Eric Dupin. — avril 2010
L’Enigme du retour
par Christophe Wargny. — mars 2010
Haïti, la tectonique de la misère
par Christophe Wargny. — février 2010
Vers la disparition des peuples papous en Indonésie ?
par Philippe Pataud Célérier. — février 2010
Le tabou des excréments, péril sanitaire et écologique
par Maggie Black. — janvier 2010

Haïti 1983. Photo F.& F. Biaggi.
Reconstitution d’une communication présentée sur notes
à l’«Interamerican Dialogue» du mercredi 20 avril 2005 à Washington D.C.

I.- Un rappel introductif d'éclairage du contexte thématique
Depuis un demi-siècle, ce pays d'Haïti connaît un des plus grands changements sociaux de son histoire: la massification qui a lancé l'initiative des masses vers l'irruption directe dans la politique et la vie sociale consciente. Ce recentrage des acteurs politiques et sociaux est reflété dans les nouveaux noms de famille émergeant dans la notoriété et dans le registre de la notabilité. Le poète Jean Brierre, revenant d'un long séjour en terre africaine, s'écriait : Je ne connais pas ces gens-là d'aujourd'hui et ils ne me connaissent pas.

Il est courant d'entendre dire à des visiteurs haïtiens de l'élite traditionnelle en revenant au pays pour un bref séjour: je ne reconnais pas ma ville. C'est que son contenu social a changé. Quel va être le comportement politique de ce nouveau pays et surtout son comportement électoral au bout d'un processus qui a vu l'échec de deux populismes successifs: le populisme fascistoïde de François Duvalier et l'anarcho-populisme d'Aristide, et en refus actuel d'un troisième populisme dont le spectre n'est pas encore définitivement écarté? Qui seront les dirigeants politiques de demain et qui doit avoir peur du suffrage universel?

Mais le pays traverse depuis un siècle la plus grave et plus longue crise de son histoire nationale: la crise structurelle de la société traditionnelle Haïtienne en voie de dépérissement: «the passing of a traditional society». Mais le traditionalisme, tout en mourant, est encore assez vivace pour continuer à occuper les avenues et bloquer l'avènement de la société moderne. Celle-ci, cependant, frappe à la porte avec pugnacité et à défaut de pouvoir entrer, elle se répand en enclaves de modernité dans la réalité du pays. La crise, nous dit Gramsci, c'est quand l'ancien résiste encore efficacement alors que le neuf veut l' emporter. C'est l'Haïti de la vraie et profonde transition, ce que j'ai appelé un «hiatus inter-systémique». Quel levier fera basculer définitivement le système vers l'abîme de l'échec d'un traditionalisme en décomposition à la suite de la descente actuelle aux enfers ou décisivement la poussée novatrice de la modernité émergente?

L'évolution conjoncturelle place au premier plan de l'actualité les «trois D»: le désarmement, les décaissements et le dialogue national. Deux de ces trois urgences dépendent en priorité de l'étranger interventionniste et le troisième risque d'entrer en conflit avec les élections programmées, ce qui crée une contrariété tendancielle des agendas.

Au fond, la pauvreté Haïtienne, est-elle à la phase terminale du cancer? Depuis quand donc Haïti est irrémédiablement pauvre à l'agonie? Il ne faut pas s'empresser de répondre: depuis toujours car on peut avoir des surprises. Mon amie canadienne économiste sociale Kari Levitt m'assurait, analyse comparée en mains, qu'il fallait ré-évaluer en hausse le PNB par tête d'Haïti par rapport à la Jamaïque par exemple, cependant de toute évidence nettement plus évoluée économiquement De toute façon, c'est un pays en détresse mais en attente. Le dernier mot n'est pas dit.

II.- Variations sur la problématique générale et évolutive de la pauvreté haïtienne
Le mot de pauvreté est aussi vieux que le monde, mais sa réalité a été perçue différemment, selon l'époque, les cultures et civilisations, l'impact des conditions climatiques et les variations dans le rythme de l'évolution démographique comme pression sur les ressources disponibles. C'est un truisme de dire que toutes ces variables ont joué dans le cas Haïtien qui nous occupe aujourd'hui comme ailleurs, avec une intensité changeante au gré des circonstances. Mais le jeu de ces variables a été inventorié et on sait sur lesquels on peut jouer pour agir conséquemment, je veux dire en connaissance de cause. Il y a une stratégie opérationnelle dans la lutte contre la pauvreté, au moins pour la réduire en fonction des moyens disponibles appropriés.

La pauvreté a même été un idéal de vie ou même une condition pour la sainteté, et en tout cas, elle a été considérée comme naturelle pendant longtemps. Il y a pauvreté quand les besoins primaires d'une population ne sont pas satisfaits, et cela commence par le manque collectif de nourriture pour atténuer sa faim, premier signe de la pauvreté structurelle, suivi des carences graves de la santé ou maladies et de la privation d'éducation ou ignorance, en tête de liste des besoins sociaux de l'individu. Cette insatisfaction des besoins sociaux de l'individu va se répercuter sur les problème de structure sociale pour étager les strates, couches, catégories et classes que recouvre le champ de la pauvreté, dans la problématique «classes laborieuses, classes dangereuses» du baromètre de la contestation exprimée dans la «question sociale».

Le cas Haïtien montre la relation entre la pauvreté subjective, relative et même acceptée pendant longtemps, et la pauvreté objective, concrète et absolue qui frise le seuil de l'inacceptable vu les inégalités sociales intenables. La pauvreté massive est atteinte quand «le coût de l'homme» pour employer un mot de François Perroux n'est pas du tout assuré pour la grande majorité de la population, comme c'est la réalité de l'Haïti contemporaine.

On comprendra que mes propos présents d'ouverture du débat sur le dossier de la réduction de la pauvreté Haïtienne prennent en considération que deux des panélistes sont membres respectivement de la Banque Mondiale et de la Banque Interaméricaine de Développement et donc en charge des aspects techniques et quantitatifs du sujet. Ceci m'amène à mettre l'accent sur la dimension humaine générale et historique du problème et sur les variations dans la poursuite du combat pour la réduction ou l'éradication de la pauvreté dans une stratégie de confrontation à venir avec la pauvreté structurelle en Haïti, à commencer par sa dimension politique – le primat du politique – quand enfin dans notre pays on acceptera de «faire la politique autrement ».

III.- Variations sur le thème de la pauvreté dans la problématique de l'évolution socio-économique Haïtienne On peut dire de la pauvreté que, comme la nostalgie, elle n'est plus ce qu'elle était
La pauvreté en Haïti a une consonance particulière qui lui vient de l'histoire. Le mot, en effet, est associé au binôme café et vivres qui a réglé l'économie haïtienne jusqu'aux temps récents, le café comme la base majeure d'exportation soutenant l'économie entière, et les vivres comme l'élément local de base de la production et de la consommation pour l'économie nationale. Le café est connu pour avoir assuré l'opulence d'une riche minorité de spéculateurs et d'exportateurs de l'élite urbaine, mais aussi pour avoir pourvu les ressources globales minimales pour garantir la provision monétaire dans les jeux des échanges. Les vivres ont assuré le matelas de sécurité pour une majorité paysanne souvent aisée dans le champ de la production et assurant un excédent «commercialisé» du labeur paysan. Cette aisance vivrière a pris son origine dans la destruction du système de la plantation pendant la révolution Haïtienne créatrice, par le morcellement, d'une structure agraire finalement dominée par la moyenne et la petite propriété.

Une authentique paysannerie a émergé dans une abondance vivrière pour beaucoup sinon pour tous, au point de devenir légendaire sous le qualitatif de «bonheur vivrier» ponctuée en outre par les retours annuels réguliers et providentiels de la saison des mangues. Bien sûr cette description ne manquait pas d'être idyllique, mais le fait indéniable est que tout cela mettait une sourdine sinon même un masque sur la pauvreté persistante de l'économie Haïtienne. Pour sûr, les statistiques d'une pauvreté rampante avaient beau être déjà là, mais pour exprimer la qualité de la vie, le genre de vie n'avait pas besoin de statistiques pour confirmer ou dissiper les perceptions. Ecoutons nos dictons d'hier dans leur insouciance des chiffres: là où il y en a pour 7, il y en a pour 10, et plaie d'argent n'est pas mortelle ou une progéniture nombreuse est une bénédiction.

Il y avait une distance sinon même un fossé entre les preuves statistiques montrant la pauvreté chez nous, et les modèles de comportement d'accommodement avec elle pour la nier ou la masquer, une question de «décorum» polyclassiste. Ainsi, la pauvreté rampante a pu n'être pas un problème, à cette ère pré-statisque ou extra-statistique quand elle ne s'exprimait pas en souci collectif pour une politique publique contre une pauvreté qui n'était pas encore perçue comme massive. Chacun en connaissait des cas ou des lieux, mais la pudeur dite «petite-bourgeoise» (?) les faisait taire. Et puis, qui voulait tendre son bol ou son «coui» de mendiant professionnel? La parenté (ou la proximité qui en tenait compte car voisinage cé fanmi) était le recours – économie familiale - ou alors les poches de pauvreté stricte ou excessive étaient laissées à la diligence généreuse des institutions religieuses de charité comme depuis le Moyen-âge européen.

Mais les temps d'Haïti chérie sont révolus comme soudainement. Et avec l'ère post-caféière, compagne d'un déficit croissant concomitant de vivres, la pauvreté persistante devient une réalité manifeste et aveuglante, et donc désormais perçue comme telle, et cette reconnaissance de la pauvreté massive Haïtienne est irréductible à l'effet de ponction démographique que constitue l'émigration devenue massive elle aussi.

L'explosion démographique – de 500'000 habitants en 1804 à plus de 8 millions d'âmes en 2004 – et la micro-propriété devenue dominante – de 25-30 carreaux de moyenne d'exploitation familiale en 1816 à un demi carreau en 1996 - ont eu l'effet combiné et cumulatif de détruire la relation «équilibre et population» C'est alors, c'est-à-dire maintenant, que la pauvreté devient statistique en Haïti, par exemple l'espérance de vie 49, 4 en 2002 (contre 81,5 au Japon et 80 ans en Suède) ou le taux d'alphabétisation des adultes 51,9 (contre 99.7 en Barbade et 98,5 à Trinidad).

IV.- Les recettes d'une prescription éprouvée mais à rénover: une trinité stratégiquement concordante, nouvel impératif de la conjoncture
Quoi faire pour éradiquer la pauvreté ou la réduire à un seuil supportable dans la société globale en accélérant le rythme du progrès social?

Je ne suis pas ici pour contester ni sous-estimer la fécondité des méthodes et techniques les plus aptes à propulser le progrès social dans la bibliographie de la thérapie sociale corrective de la pauvreté, en y incluant les tâches modestes mais importantes des «social workers» (travailleurs sociaux) pour améliorer l'environnement de proximité en vue de réduire la pauvreté localement, sur le terrain. J'y pense au contraire dans le cas préoccupant de la délinquance urbaine juvénile Haïtienne pour laquelle la justice répressive, qui ne doit pas perdre ses droits, peut trouver cependant des tempéraments guérisseurs dans le traitement des drames sociaux de la pauvreté qui sont associés à l'existence de cette délinquance juvénile sinon même à son origine.

Je m'efforce de rester au courant du fait que la sous-traitance, les «joint ventures», les zones franches et le micro-crédit, par exemple, sont à l'agenda du secteur privé Haïtien et des investisseurs étrangers pour y rester, en vue de générer la croissance et l'expansion économiques pourvoyeuses de «jobs» et de dividendes sociaux ou retombées sociales.

Je me réjouis que de nouveaux produits ont pris ou peuvent prendre la relève du café pour le marché des exportations comme les mangues, le ricin, la papaye et le retour des huiles essentielles, et que des favorites de la diaspora peuvent être dynamiquement propulsées localement comme le rhum Barbancourt, les champignons noirs («djon-djon») et le lambi pour la consommation extérieure des Haïtiens de l'étranger à des fins sociales par la voie indirecte de l'enrichissement économique engendrant une meilleure circulation et distribution de la richesse.

Mais si je suis à cette table de conférence, c'est pour braquer le projecteur et les feux de la rampe en vue de démontrer la centralité d'une thèse déjà ancienne et mienne, à savoir que pour réduire ou essayer d'éradiquer la pauvreté en Haïti, vu ce qu'est devenu le contexte Haïtien actuel, signifie une stratégie politique consistant à réaliser graduellement mais simultanément les trois modernisations: la modernisation politique (que nous appelons aujourd'hui la démocratisation, incluant les élections libres, le pluralisme politique et la promotion des droits humains), la modernisation économique (que nous appelons aujourd'hui la croissance auto-soutenue et le développement durable) et la modernisation socioculturelle (que nous appelons aujourd'hui le développement humain poursuivi dans l'épanouissement individuel par la justice sociale et l'équité vers un objectif de chances égales pour tous).

Le fait est qu'avec la véritable transition à venir après les élections attendues en 2005, nous serons obligés d'effectuer le triple décollage des trois processus en même temps, pour avoir raté les opportunités de la seconde moitié du 19ème siècle et du premier quart du 20ème comme pays indépendant parmi d'autres tels le Japon de l'ère Meiji (grand changement) pour le modèle duquel l'élite para-féodale Haïtienne d'alors se passionnait, ou la Chine nationaliste de Sun Yat Sen dont la révolution suscitait une vie curiosité alimentée par les correspondants locaux dépêchés sur place, ou la métamorphose de la Turquie de Mustapha Kemal Ataturk dont on sait qu'elle hantait l'esprit du jeune François Duvalier et l'Ecole historico-culturelle «Les Griots». Ayant raté le train, Haïti fit alors son entrée en sous-développement.

Les trois modernisations se doivent désormais être une performance concomitante alors qu'ailleurs, elles se sont échelonnées en trois phases : la première, généralement économique, puis la seconde politique et finalement la troisième socioculturelle, parce que changer les mentalités est plus difficile à réaliser que diviser un atome. Les transferts opérés par la diaspora vers Haïti et les anticipations d'investissement à venir de celle-là ne sont pas encore des substituts pour l'impulsion qui doit venir de l'intérieur, cette impulsion endogène qui culminera en progrès social. De là la nécessité de la stratégie trilogique concordante pour gérer cette impulsion.

Ces trois modernisations nécessaires à mener à bien simultanément ont au moins deux conséquences opérationnelles: le gradualisme dans la stratégie frontale pour combattre la pauvreté, mais aussi un dosage évolutif entre les trois Un cours graduel par étapes est, en effet, indispensable dans la poursuite des trois modernisations simultanément conduites. Mais aussi un dosage évolutif doit être de pratique appropriée, pour justifier pourquoi, quand et comment. Tout est dans le dosage. On trouvera logique d'inaugurer la modernisation économique par une dose relativement plus forte au départ, tandis que progressivement on aura à renforcer le volet de la modernisation sociale quand une telle accélération deviendra possible parallèlement à la normalisation et à la stabilisation du processus électoral grâce à l'état de droit. De là l'importance clef d'élections acceptables pour être acceptées.

Précisément pour lier le problème de la pauvreté avec l'actualité politique de la compétition électorale déjà entamée, trois questions ont été aditionnellement posées dans ce panel consacré à la pauvreté. Il est difficile et hasardeux de répondre à la première: comment les élections à venir seraient-elles impactantes sur la réduction de la pauvreté? Les débours de l'organisation des élections et de la campagne électorale sont une manne vite distribuée au niveau de la base en portions infinitésimales – le traditionnel clairin rural sera encore de la partie -, donc d'un impact quasi-nul sur les efforts de réduction de la pauvreté.

L'effet des élections peut cependant être de créer un climat de nouveau commencement comme pour en finir enfin avec la transition donc le provisoire, et ouvrir la voie à la stabilisation d'un nouveau cours des affaires, J'appellerais cela un effet d'anticipation sur les expectations d'un mieux être social. Enfin sur le plan international, la volonté politique que les élections soient faites comme la détermination affichée que cette volonté soit faite, laisse augurer une préparation d'un tournant positif de la coopération internationale.

Notons que, dans un article paru dans «Vision», périodique publié par le CSIS de Washington, j'ordonnançais le processus de démocratisation lui-même en trois étapes correspondant au rythme des deux autres modernisations, en plaçant la candidature d'Haïti au décollage pour les débuts renouvelés du processus de la démocratisation en 1986, en un essai à transformer, comme on dit en rugby. Ceci devait correspondre à l'inauguration chez nous de la «révolution démocratique» dans ce triplet stratégique pour le développement humain précédant de près, selon notre programme de gouvernement en 1988, le «package» de politique publique pour pousser en avant le processus de l'équité sociale avec le rôle de l'Etat, du secteur privé et du monde des travailleurs comme trois partenaires.

On y voyait l'embryon de la réalisation du rêve de «l'économie sociale de marché» chère aux démocrates-chrétiens et aux socio-chrétiens, fondée sur le système de la libre entreprise, mais avec une stratégie intelligente pour réduire la pauvreté, non seulement en augmentant le gâteau en vue de sa répartition, mais mieux en envisageant les modalités d'une distribution équitable des portions au moment même d'en concevoir la production, ce qui affectera cette production elle-même dans ses modalités et dans sa finalité.

Produire est un impératif exigeant qui demande beaucoup de travail (hard work). Du modèle de l'ère Meiji du Japon d'hier à celui de Taiwan de la Chine d'aujourd'hui, le trait commun est ce «hard work» dans la réalisation des trois modernisations, de l'une à l'autre et d'un stage à l'autre, en termes de gradualisme et de dosage L'essentiel, de toute manière, est qu'il faut une synchronisation entre les trois modernisations simultanément conduites: une véritable «symphonie concertante».




 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement